Gilles Peterson est sans doute le plus français des Anglais et le plus anglais des Français. Il est surtout le dj le plus respecté. Ancien producteur de Jamiroquai, journaliste, animateur à la radio BBC1, propriétaire d'une maison de disque... Gilles Peterson est tout cela à la fois. Rencontre expresse dans la voiture le temps d'un aller-retour Mulhouse - Freiburg.
Vous avez tellement d’activités et de casquettes différentes, mais au fond qui est Gilles Peterson?
Je suis né à Caen en 1964 et en 1965 mes parents sont partis habiter en Angleterre pour des raisons professionnelles. J'ai démarré dans la musique à 14 ans en faisant de la radio pirate en étant influencé par beaucoup de styles de musique puisque j'allais à l'école anglaise. C'est là que je me suis fait connaître, puis que j'ai démarré sur Kiss FM pour au final être recruté par la BBC1. Et je suis là encore, 35 ans plus tard.
Dans une interview donnée au quotidien britannique The Guardian, vous avez cité la Root Down parmi les 7 meilleures soirées en Europe. Que représente pour vous ce rendez-vous initié par Rainer Trüby en 1996?
J'ai souvent parlé de la Root Down dans mes interviews car j'y ai passé de très bonnes soirées. Quand je fais des soirées, j'aime bien allé à des endroits où je vais être aussi un fan comme les autres gens autour de moi. Mais à la Root Down, je viens avant tout pour Rainer Trüby car j'aime être avec lui. Je pense qu'il a beaucoup de finesse comme artiste. Et puis, la Root Down tu y vas d'abord comme fan de bonne musique, pas pour le commerce.
Soirées dans le monde entier, label, radio... Comment conciliez-vous vie privée et vie d'artiste?
J'ai une bonne vie privée, une vraie vie de famille avec une femme et deux enfants. Je suis à la maison toute la semaine, je vais chercher mes enfants à l'école tous les jours. J'ai une très bonne relation avec eux, ils voyagent souvent avec moi et on découvre la musique ensemble. Je suis heureux de pouvoir continuer à exercer ma passion de cette manière. L'année dernière j'ai décidé de faire une pause de 4 mois pour ne faire plus que deux soirées par semaine. Je préfère en faire moins mais me donner au maximum à chaque soirée. J'ai appris ça de mon ami Laurent Garnier, qui a une bonne attitude dans sa vie. Lui, tu ne le verras jamais faire 5 nuits de suite.
Moins de soirées, donc d'autres activités?
Je me suis mis sérieusement au sport. J'avais décidé de faire le marathon de Londres. C'était difficile de m’entraîner entre les aéroports. J'ai décidé de me calmer avec les soirées et cela m'a fait beaucoup de bien. Tu ne peux pas vivre que la vie de nuit, c'est important d'avoir une bonne balance. Maintenant, mon objectif est de faire le marathon de Tokyo.
Un mot sur votre festival à Sète, le Wordlwide Festival?
Je mixais beaucoup à Montpellier auparavant et je cherchais un endroit pour organiser un événement plus grand. On m'a dit d'aller à Sète. J'y suis allé, on a démarré avec 300 personnes et aujourd'hui on a plus de 5000 spectateurs. C'est un chouette endroit au bord de la plage.
Vous qui mixez régulièrement, y a t-il un titre qui vous fera toujours vibrer?
A coup sûr, « Les Fleurs » de la chanteuse américaine de musique soul Minnie Riperton.
Qu'est ce que le bon goût?
Il n'y a pas de bon ou de mauvais goût. Pour moi, la chose la plus importante est de pouvoir décider de ce que tu aimes en tant qu'individu.
Qu'est ce qui a changé avec le public d'aujourd'hui?
Le voyage que les gens voulaient il y a 25 ans n'est effectivement plus le même aujourd'hui. Avant ils voulaient simplement un voyage de Londres à Paris. Aujourd'hui, c'est un peu plus sophistiqué, ils veulent aller de Londres à Madagascar, via les Alpes et la Chine.
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