Mulhousien, Joan Spiess est le père de La Petite Lucie qui chaque semaine livre dans Spirou Magazine des trucs stupides à construire et des rébus marrants. Également dessinateur de presse pour les Dernières Nouvelles d'Alsace, l'auteur de bandes dessinées revient tout juste du Salon International du Livre de Genève où il vient de planter avec son ami artiste Yves Carrey un baobab géant de 12 mètres. Rencontre.
On connaît bien La Petite Lucie, mais qui est vraiment son auteur?
Je suis né à Mulhouse et j'ai grandi dans le Sundgau. J'ai ensuite vécu en Afrique pendant un an et demi pour après partir vivre dans le Vaucluse et au final revenir à Mulhouse. J'ai étudié aux Beaux-Arts à Mulhouse qui se trouvaient à l'époque dans le quartier de la Bourse. Enfant, j'étais très timide, je n'osais pas sortir et je passais donc mon temps à dessiner. J'ai choisi de faire les Beaux-Arts en 1981 comme un prétexte pour pouvoir dessiner pendant 5 ans. Durant cette période, j'ai pu toucher à toutes les techniques même celles qui n'existent plus aujourd'hui. J'ai toujours dessiné comme tous les gamins sauf que je ne me suis jamais arrêté.
De quelle manière est né votre personnage La Petite Lucie?
En faisant des fanzines, des magazines diffusés à un très petit nombre d'exemplaires, alors que j'étais étudiant en 1986. La Petite Lucie était un peu un bouche-trou. Je faisais ces fanzines avec de la colle et des ciseaux et il y avait donc toujours des trous à boucher. J'ai commencé à faire des strips - des petites histoires à trois cases – et il fallait un personnage très simple pour remplir ces petites cases. C'est pour cela que la Petite Lucie est toute petite, c'est un smartie, toute simple, sans oreille et sans nez, avec juste des couettes. Et au final, c'est elle que tout le monde attendait à chaque sortie du fanzine.
Comment a débuté votre carrière?
J'étais dans le train pour me rendre au Festival d’Angoulême et j'ai rencontré deux éditeurs dont un allemand. J'avais des petits livrets photocopiés de La Petite Lucie et je les distribuais à tout le monde. Huit mois plus tard j'étais édité dans son magazine U-Comix. De fil en aiguille, un éditeur français a décidé de compiler toutes mes histoires de La Petite Lucie dans un livre où j'avais aussi mis mes premiers jeux. Ce premier livre, le rédacteur en chef de Spirou Magazine l'a lu et m'a demandé de faire uniquement des jeux autour du personnage de La Petite Lucie. Ça dure depuis 1988!
Et les Dernières Nouvelles d'Alsace?
Mon travail pour les DNA. a commencé assez tôt, en 1986, à ma sortie des Beaux-Arts. J'avais rencontré un journaliste lors d'un concert et il m'a demandé si je voulais dessiner pour le journal. Mais pour ce quotidien exit La Petite Lucie : C'est du dessin de presse, j'illustre l'actualité quand ils ne peuvent pas l'illustrer par une photo ou quand ils veulent un gag. C'est en fonction de leurs besoins.
Pouvez-vous nous parler de ce baobab?
C'est parti d'une boite de décoration de Lausanne - Family Deco - à qui le Salon du Livre de Genève avait confié la déco du stand africain. Ils avaient des projets de baobabs mais cela restait très propret. Les commanditaires du Salon du Livre voulaient quelque chose de plus fou. Je connaissais bien le responsable de cette société de décoration car j'avais travaillé avec lui il y a une dizaine d'années. Il m'a donc contacté pour me demander de faire un baobab. J'ai accepté de le faire mais pas seul. J'ai tout de suite appelé Yves Carrey que je connais depuis que je suis étudiant et avec qui j'avais vraiment envie de travailler. Il était disponible, on a filé à Lausanne pour présenter un projet de baobab de 12 mètres créé avec 140 fûts métalliques de 100 litres chacun. Ce projet fut accepté. On a donc commencé à travailler dessus à Spechbach en construisant le baobab de pièces de 2 à 3 mètres de telle manière à pouvoir le transporter facilement. Le baobab est destiné à être au centre du stand africain pour les trois prochaines années.