Roland Kauffmann

  • 31.07.2011

Ministre, serviteur ou pasteur, Roland Kauffmann est d'abord une figure de Mulhouse. Entre deux coups de téléphone et trois nouveaux projets, l'agitateur du Temple Saint-Étienne prend le temps de répondre à quelques une de nos questions. Rencontre avec un pasteur un brin provocateur à la tête bien faite et aux idées larges.

Roland Kauffmann, pouvez-vous nous raconter votre parcours?

Je suis né en 1967 à Mulhouse où j'ai d'ailleurs vécu la majeure partie de ma vie. J'ai commencé par des études d'histoire à l'université de Mulhouse pour continuer par des études de théologie à Strasbourg puis Amsterdam.
Je suis devenu pasteur en 1995 après 9 ans d'études. Ma première paroisse a été Saint-Marc à Bourtzwiller. En 2002, je suis devenu le responsable du service communication des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine tout en étant aussi le directeur de la médiathèque protestante de Strasbourg.
Je suis arrivé au Temple Saint-Étienne en septembre 2009. J'ai le statut de fonctionnaire territorial, rattaché au ministère de l'intérieur.  Actuellement, je vis dans le quartier de la rue de l'Arsenal avec mes deux enfants.

Au fond, comment concevez-vous le Temple Saint-Étienne?

Le Temple ne nous appartient pas à nous protestants. Bien entendu, il nous est dévolu pour le culte, mais il a été construit avec l'argent des impôts des Mulhousiens. Je le conçois comme une extension couverte de la place de la Réunion. C'est un lieu de vie, quelles que soient les origines sociales, religieuses ou culturelles des visiteurs. Le Temple est un outil du « vivre ensemble ».

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l'association Saint-Étienne Réunion?

L'association existe depuis 1989 avec comme pour objectif d'animer et d'ouvrir le Temple Saint-Étienne au bénéfice de la population mulhousienne. La première idée a été d'organiser les heures musicales le samedi à 17.00 : on a d'ailleurs fêté récemment la 700ème!
Début des années 90, sous l'impulsion de Jean-Louis Hoffet, l'association a commencé à organiser des expositions d'été ainsi que le festival de l'Avent avec un chant participatif et des concerts. Durant la période de Noël, on brasse entre 6000 et 8000 visiteurs sur les 70000 annuellement.  Aujourd'hui nous sommes passés d'un artisanat associatif de bon aloi à une démarche plus professionnelle.

Et l'actualité du Temple?

Le gros du travail reste la rénovation extérieure du Temple qui est en cours jusqu'en 2019. Il sera aussi rénové à l'intérieur. Nous avons également 400 000 euros à trouver pour rénover l'orgue Walcker. A ce titre, nous avons une démarche avec le domaine Robert Karcher et fils à Colmar de vente de vin sous le nom de cuvée Walcker.
Il y a aussi une volonté de réintroduire une diversité animale au centre-ville : les abeilles et le miel de Calvin, le faucon pèlerin ou encore les papillons. On veut aussi consolider les colonies de martinets à ventre blanc avec des nichoirs en façade pour  les observer.

Pour le protestantisme, la musique profane n'est pas un problème dans un lieu sacré. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi?

C'est très simple : dans le protestantisme, le lieu de culte ne l'est qu'au moment où l'église est réunie pour la prière. Le reste du temps c'est un bâtiment comme un autre, même si évidemment de par sa destination, l'endroit a une signification particulière. Un ami mulhousien, Jean-Luc Wertenschlag, disait d'ailleurs que c'est un hangar comme un autre. On a donc une plus grande liberté d'action.
Nous sommes dans une logique de dire que tout ce qu'on fait doit servir à la dynamisation et au plaisir de vivre au centre-ville. 

Et des soirées de qualité à la manière de la Elisabethen Kirche à Bâle?

On a déjà été sollicité pour organiser des soirées. Cependant, le Mulhousien n'est pas le Bâlois qui a lui un état d'esprit totalement disjoncté. Le Bâlois est tout à fait capable d'imaginer dans des lieux de culte des soirées clubbing pour les jeunes ou des bénédictions pour les homosexuels. Le protestant mulhousien n'a pas encore cette maturité. Et moi non plus d'ailleurs...

Vous avez beaucoup voyagé. Mulhouse, qu'en pensez-vous?

Mulhouse a une histoire tout à fait hors-norme. Metz, que je connais bien, est une ville agréable mais a une histoire de ville de garnison. Mulhouse a toujours eu un destin international, tournée vers les grands marchés extérieurs. C'est pour cela qu'il y a sur le territoire une désaffection et une non-représentativité de Mulhouse par rapport aux autres villes de France. C'est comme si pour le reste de la France, Mulhouse était sur une autre planète! Je fais partie de ceux qui croient que Mulhouse a une carte extrêmement importante à jouer aujourd'hui et dans l'avenir. Si le Temple Saint-Étienne peut y apporter une pierre culturelle, on sera ravi.

Mulhouse et l'avenir justement. Vous avez donné publiquement un 12/20 au projet Mulhouse Grand Centre. Pourquoi?

Oui car je trouvais qu'il y a trop de volontés de ménager la chèvre et le chou. Je considère par exemple que les piétonisations des rues de l'Arsenal et des trois rois sont primordiales.
Je pense cependant que le maire de Mulhouse, Jean Rottner, est un homme profondément honnête, qui a une vraie ambition pour sa ville. Il a l'avantage d'être mulhousien et de connaître la ville de l’intérieur. Je dis cela alors que je suis d'orientation socialiste avec Pierre Freyburger comme ami de longue date.
Cela dit, quand on se tourne vers le passé, on voit qu'Emile Muller a commencé à gauche, il a fini à l'UDF ; Jean-Marie Bockel a débuté à gauche, il est aujourd'hui proche de l'UMP ; on peut donc espérer qu'un maire qui démarre à l'UMP finisse à gauche!

Quels axes explorez-vous pour le futur?

Principalement 3 axes : Nous souhaitons rester sur la dimension musicale en améliorant le confort des musiciens et du public. Nous voulons également développer l'aspect musée en partenariat avec le musée historique et le musée des Beaux-Arts. Enfin, nous allons développer un centre de conférence, avec un système de gradins pour des réunions grand public capables d’accueillir 300 à 400 personnes.

Cela fait déjà longtemps que l'on parle d'écrans à LED sur la façade du Temple Saint-Étienne. Quelques mots à nous dire sur cette aventure ? 

L'idée était de couvrir la tour du Temple Saint-Étienne sur une surface de 450 m². C'était le projet initial mais à 7500 euros le m² c'était perdu d'avance. On s'est donc orienté vers le lycée Stoessel, capable de réaliser ce genre d'opération. L'idée est que chaque élève réalise un module qui ensuite serait connecté pour réaliser un mur d'images : Un écran d'une centaine de mètres carrés qu'on mettrait en place sur l'échafaudage quand il sera sur la place de la Réunion. On a deux ans pour finaliser le projet.
C'est d'abord un projet artistique, les artistes mulhousiens pourront donc en priorité présenter leurs œuvres sous forme de spots de 30 secondes. L'idée est aussi de travailler sur une forme de sponsoring. On peut aussi imaginer une partie géante de space invaders avec des manettes sur la place de la Réunion. Le dernier axe pour cet écran est le projet « 130 » pour les 130 nationalités présentes à Mulhouse : montrer la richesse et la diversité de Mulhouse en diffusant des portraits des habitants sur l'écran géant.

Par Julien Di Giusto

Fondateur de l'agence de communication Mars Rouge et du magazine online subject.fr. Collabore avec le label italien Angle Records pour le magazine NG™. Vit à Mulhouse.

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